Conseils d’une diététicienne nutritionniste lot-et-garonnaise pour mieux vivre son confinement
Sentiment d’anxiété et d’oppression, le confinement est une période angoissante pour certains d’entre nous. Dans ce contexte, insomnies et grignotages sont des réactions normales au stress ressenti. Comment pallier ces difficultés et réinstaller un climat paisible ? Laurence Myr, professionnelle de santé à Fumel, délivre ses conseils
Une interview menée par
pour la Dépêche du 24/03/2020La Dépêche
Diététicienne diplômée d’Etat, nutritionniste et naturopathe, vous êtes sensible au bien-être de chaque individu. Pouvez-vous nous en dire davantage concernant votre activité ?
Je suis issue d’une formation médicale. J’ai une approche très globale par rapport à la personne, j’estime que chaque individu est différent. Chacun à un mode de vie, un mode alimentaire et une hygiène de vie qui lui est propre. C’est sur l’ensemble de ses facteurs que je vais m’appuyer quand quelqu’un vient me voir pour essayer d’apporter une amélioration globale. Je suis sensible au bien-être mais pas uniquement dans l’assiette. Dans l’esprit des gens, diététicienne est synonyme de régime, j’essaye au contraire d’apporter des solutions où on va développer le bien-être et une alimentation plus saine. Je ne recommande quasiment jamais de régime. J’ai une approche un petit peu différente notamment par mes trois casquettes.
Pour prévenir la propagation du coronavirus, de nombreuses familles sont amenées à demeurer à domicile pendant plusieurs semaines. Selon vous, comment rester confiné en gardant une bonne hygiène de vie ?
La première chose à faire pendant cette période ça va être d’essayer d’évacuer au maximum le stress. Qui dit stress dit fragilisation de l’organisme, donc baisse de l’immunité. Qui dit stress dit aussi relations humaines plus tendues à l’intérieur de la maison. Des exercices respiratoires peuvent aider déjà dans un premier temps à vivre des relations familiales plus harmonieuses dans cette période de confinement. Tout le monde n’a pas forcément de jardin, des personnes sont confinées dans un appartement et vivent ensemble 24h /24, ce n’est pas évident. Il faut se détendre, voir le bon côté des choses, prendre du temps pour s’occuper de soi. Faire un masque de beauté ou encore prendre un bain peuvent être des
exemples. Ces moments contribuent à renforcer nos défenses immunitaires et c’est primordial en ce moment. Cette période de crise devrait être une ouverture pour que chacun prenne conscience de sa santé. Notre santé est notre héritage le plus précieux. On n’en a qu’une ! Il faudrait essayer dès à présent de renforcer son immunité propre par une hygiène de vie, par des choix alimentaires, etc.
Quel est le régime alimentaire que vous conseillez dans une période de sédentarité comme celle-ci ?
Je conseille de manger le plus naturellement possible avec des aliments les moins transformés. En cette période de crise sanitaire, pour remonter un petit peu les défenses immunitaires, la consommation de fruits et de légumes crus pour leur richesse en vitamine C est un atout vraiment important.
Comment adapter l’alimentation pour chaque membre de la famille ? Les enfants n’ont pas la même dépense énergétique ni les mêmes besoins que les adultes ? Comment s’adapter ?
S’ils s’écoutent et s’ils se reconnectent à leurs besoins ils ne mangent pas forcément pareil. Pour prendre quelques extrêmes, on ne servira pas la même portion dans l’assiette d’un enfant de trois ans, que dans celle d’un adolescent de 15 ans, ou encore dans celle d’un adulte de 50 ou même 80 ans. C’est aussi du bon sens. Il faut faire attention à ce que notre corps à besoin. En étant confiné à la maison il faut laisser le stress de côté notamment lié au travail et ça peut justement aider à se reconnecter à soi-même.
Le stress agit sur nos pulsions notamment avec la nourriture. Barre de chocolat, sucreries et tentations diverses sont en ligne de mire. Comment pallier ces envies ?
En se faisant plaisir, mais différemment. Prenez un bain, chantez, dansez, jouez en famille ! Il y a mille choses à faire pour s’occuper tout simplement. Il faut retrouver des activités qui nous apportent aussi du bien-être.
Que conseilleriez-vous pour maintenir une activité physique tout en étant confiné ?
C’est difficile de conseiller de but en blanc une activité physique. Si la personne est en surpoids, si elle est en anémie ou si la personne est âgée ou bien trop jeune, le conseil d’activité physique ne va pas du tout être le même. La marche est une activité physique qui s’adapte vraiment à tous les âges, il y a très peu de contre-indications à la marche. Évidemment avec le confinement ça ne marche pas vraiment… Mais en dehors de ça, il faut écouter ce que l’on a envie de faire en restant à la maison. L’activité ne se résume pas au sport ! Rien que le fait de presser une orange au lieu d’ouvrir une bouteille du supermarché, ou encore de faire la vaisselle à la main et monter des escaliers, ça reste de l’activité. Il faut trouver des petits gestes dans la vie de tous les jours qui nous font nous bouger. Ça peut passer par des ateliers cuisine ou du sport par le biais d’interface sur Internet. Le sport en chambre pour les adultes peut être aussi un bon moyen de brûler des calories, et ça permet de se détendre (rires).
Comment effectuez-vous le suivi de vos patients avec le coronavirus et les mesures de sécurité appliquées en France ?
Je propose la téléconsultation pour les personnes qui ont peur de venir au cabinet ça permet aussi à ces personnes de trouver des solutions naturelles et individuelles pour renforcer leur santé. Les habitudes que l’on commence à prendre aujourd’hui, nous pouvons espérer qu’elles perdurent dans le temps. J’ai toujours proposé des rendez-vous soit par téléphone ou par visio, mais ces derniers temps ça s’est nettement accentué avec le virus. Pour les personnes d’un certain âge, c’est plus difficile d’avoir accès à ce type de consultation, mais pas mal de personnes y ont recours.
Vous remarquez davantage de peur par rapport aux consultations habituelles ?
Oui. Je n’ai pas de patient qui soit inconscient. Il va y avoir les patients qui sortent quand même de chez eux, étant donné que je suis un professionnel de santé ils ont une autorisation sur la fiche de déplacement. Tout de même, une distance se fait : on ne se sert pas la main, je porte un masque, je désinfecte en permanence, j’utilise des huiles essentielles, mais aussi des plantes médicinales que je fais brûler pour assainir l’air en permanence, etc. Je prends des mesures en tant que professionnelle de santé et quelque part ça rassure un petit peu mes patients qui viennent au cabinet. À côté de ça je vois des patients qui ont vraiment peur soit parce qu’ils ont une santé fragile, soit un risque potentiel. Je le ressens vraiment, il préfère reporter la consultation après la crise parce qu’ils ne se sentent pas de faire de la téléconsultation, sinon ils font de la téléconsultation. Jusqu’à présent c’était plutôt des personnes qui habitent relativement loin qui le choisissaient pour avoir recours à mes services. Aujourd’hui ce n’est pas que la distance, il y a des gens de Fumel même qui demande la téléconsultation parce qu’il y a la montée de la peur avec le virus notamment. Je comprends et je respecte la peur. C’est une émotion et un sentiment personnel ! Ce n’est pas en allant contre cette peur que nous faisons avancer les choses mais en l’apprivoisant. Les personnes venant au cabinet durant la crise reprennent tout de même naturellement rendez-vous car ils se sentent en confiance avec les mesures que je prends pour me protéger mais aussi pour les protéger.