Hyperphagie
Manger. J’en veux encore. Qu’est-ce que je vais pouvoir manger ? Manger toujours plus. Insensiblement… ou pas.
L’hyperphagie comme tout Trouble de Conduite Alimentaire ou TCA fait souffrir la personne hyperphage. Souffrances psychologiques. Souffrances morales. Souffrances physiques. Pouvant conduire jusqu’à certaines formes d’exclusion sociale, voire professionnelle. Mais avant tout un peu d’explications, car il existe différentes formes d’hyperphagie.
L’hyperphagie prandiale
Souvent les personnes qui sont malades n’en ont pas conscience. En surpoids voire en obésité, elles ne comprennent pas réellement pourquoi. Autour d’elles, ces hyperphages sont habituellement qualifiés de « bons mangeurs », de « bons vivants » avec un « bon coup de fourchette ». Ils mangent rarement en dehors des repas. Généralement uniquement à table, accompagné ou pas selon leur environnement et mode de vie. Mais quand ils passent à table, il faut manger ! Des assiettes bien remplies. Les outre-mangeurs se resservent fréquemment. Entrées. Plats. Desserts. Tout est tellement bon ! Et puis il y a encore de la place. Une petite collation tout à l’heure ?
Les repas sont toujours gargantuesques pour le commun des mortels. Et les personnes souffrant d’hyperphagie ont l’impression de ne pas manger tant que cela. C’est vrai qu’il n’existe pas de repères formels. La taille, le poids, la chronicité, l’activité physique, de chacun étant unique. C’est par l’analyse du comportement que nous pouvons éventuellement poser un diagnostic d’hyperphagie prandiale.
Tous les « bons mangeurs » ne sont pas hyperphages ! Pas plus qu’une personne qui, lors d’un repas ponctuel, va outre manger. Cela peut arriver à tout le monde. Parfois…
L’hyperphagie ou hyperphagie boulimique ou en anglais Binge Eating Desorder (BED pour les intimes)
Le profil de la personne souffrante de Binge Eating Desorder est relativement éloigné de l’hyperphagie prandiale. Anxieuses, elles aiment très rarement leur corps. Elles se dégoûtent elles-mêmes. Culpabilisent énormément, mais c’est plus fort qu’elles.
La crise ou binge, les guette, les attend. Irrémédiablement. En un laps de temps très court, en cachette, l’hyperphage boulimique va engloutir une quantité impressionnante de nourriture. Tout peut se mélanger. Sucré. Puis salé. Dessert. Puis entrée. Il n’y a pas de démarche de plaisir gustatif dans le fond. Ces malades ont besoin de se remplir. Jusqu’à ne plus rien pouvoir avaler ou, … de ne plus rien avoir à manger pour tenter de se limiter. Ils peuvent sortir acheter à manger dans différents endroits. Boulangeries, pâtisseries, traiteurs, épiceries. Peu importe. Quand la crise commence, comme un monstre qui gronde, il faut lui donner à manger. Jusqu’à ce que le monstre soit calmé… Jusqu’à la prochaine crise.
Contrairement à quelqu’un de boulimique, quelqu’un atteint de BED n’évacue pas. D’où le surpoids voire l’obésité qui arrivent tôt ou tard et accentue le TCA.
Les hyperphagies, comment savoir ? Comment s’en sortir ?
Quand vous commencez à refuser certaines invitations et/ou évènements, parce que vous avez honte ou peur de vous-même, votre relation aux aliments est pathologique. Pourtant « Rien n’est jamais inéluctablement écrit1 » et une relation saine avec la nourriture est possible. Ensemble, parlons-en !
1 – Demain t’appartient issu du Recueil de poésies Contre-Nature – Laurence MYR
Références
Hyperphagie boulimique et obésité : aspects épidémiologiques, cliniques et psychopathologiques. Étude d’une population d’obèses à Sfax – Annales d’Endocrinologie – Volume 70, Issue 6, December 2009, Pages 462-467
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S000342660900167X
FOOD INTEMPERANCE : HYPERPHAGY, POLYPHAGY, OPSOMANIA, SITOMANIA – The Lancet Volume 139, ISSUE 3569, P225-226, January 23, 1892 – James Adam, M.D.
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0140673602140827