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Poids, corps et regards

” Ma réponse instinctive au texte que vous m’avez envoyé, très révélateur d’une société qui souffre !

Je me  retrouve à penser que je suis tout le temps dans la contradiction d’une époque à l’autre qui évolue tout le temps

Je m’explique, quand j’étais jeune à 18 ans pour pas faire comme tous le monde, je combattais l’image de mon corps a travers les autres ou contre les autres et leurs regards sur le féminin et je provoquais à fond je trouve. Exemple : d’autre personne aurait mis une crête rouge sur le crane pour faire punk dans une étiquette de  provocation ou un idéal de vie.

Moi c’était de porter ouvertement, ma mini jupe où j’étais très à l’aise et je revendiquais mon droit de faire voir la forme de mes fesses ou de mes cuisses (et encore je crois que je ne le calculais pas, je le faisais pour moi) et si les hommes sifflaient ce qui arrivait, je me défendais, une forme de combat pour la liberté d’être, un peu comme ces femmes des années 70.

La mini jupe ne dérangeait pas à cette époque comme aujourd’hui mais je me défendais car si un homme cherchait à me parler parce que je portais une mini jupe, je riais et sortait une blague, je ne suis pas un morceau de viande dans une vitrine a la boucherie, car je servais des verres derrière le bar, moi qui ne bois jamais et ce fut une expérience qui n’a pas duré. Je n’ai pas aimé, surtout ces regards qui déshabille dans le désir, je préférais porter ma mini jupe le jour que la nuit, c’était quand même moins risqué ! Mais encore une dictature sur le vêtement et le corps associé, ou rien ne doit se voir, sinon tu cherche les problèmes, si tu es comme ça à aguicher c’est que tu es une mauvaise femme, tu cherches les hommes.

Car j’ai travaillé dans une petite boite de nuit pendant 2 mois, ou tel une guéri-ére  j’obligeais les jeunes de mon âge a être plus respectueux, à mon égard,  bien sûr je n’étais pas seule pour le faire. Le videur me protégeait  mais je ne me démontais pas, j’aimais finalement provoquer, mais quand c’était des hommes plus âgés c’était un autre problème et je me sentait épiée et pas à ma place, (pour tous les hommes, la belle femme c’est un idéal de femme avec des formes soit disant parfaite) ( l’effet du cinéma, des actrices, l’effet Brigitte Bardot).

Poids, corps et regards : A l’inverse aujourd’hui je provoque en étant à l’opposé

La gai-ri-ére a changé, elle a moins de rides avec son visage rond, elle a l’air en forme et beaucoup plus gaie !

Un corps qui dérange encore avec toute ces formes, mon corps a trop de formes, ou trop de déformation du corps qui exagère, de la graisse qui déborde ou fait des formes disproportionnées. Une silhouette laide et pas acceptable, des fesses trop grosses, des ventres trop grands, des bras trop forts,  une graisse qui s’expose trop,  une apparence suspectant  un mal être ou une mauvaise alimentation, une mauvaise personne, de se surplus interdit, une graisse anti agression.

Et cette incroyable provocation du surplus, comme encore une attaque, (une attaque contre les autres de ma part)  à être acceptée comme je suis coûte que coûte, et à ne pas laisser le choix de me regarder,  de bien me voir, de m’imposer comme ça et pas autrement.

Et observer, oui observer étonner,  leurs regards fuyants  (eux les normaux) et leurs façons de faire du rejet sur le poids excessif. Ce sont  des personnes qui ne supportent pas de nous voir comme ça, cela déborde de graisse ce n’est pas normal, comment osent t’ils ? Et comme c’est  insupportable pour eux, les observés, cela les dérange, c’est encore leur imposer quelque chose qu’ils trouvent moche, une image du corps idéalisée autrement qu’ils refusent (les normaux).

Mais alors qui a dicté ce ressenti ?

La pub pour les vêtements à la mode ? Qui a provoqué ça dans leur cerveau ? Qui a téléchargé cette application de ne pas supporter la différence des corps ?

Leur imposer ces corps graisseux c’est les provoquer ouvertement. C’est faire un braquage des regards, les obliger à avoir un autre regard (encore une histoire d’obligation de se faire accepter, respecter,  comme nous sommes, comme on veut être, c’est à dire soi même).

 À les regarder nous regarder et y VOIR leurs peurs de la graisse et du débordement comme une phobie !

 Ils vont la voir cette graisse, la phobie va augmenter, il va y avoir des gros partout. C’est ce qu’ils viennent de se rendre compte. Ils vont en avoir de plus en plus à voir, cela ne s’arrête pas, ils y a de plus en plus d’obésité,

L’interdit !

Je leur dis dans mon silence, c’est mon corps qui parle, et même c’est mieux qu’une simple parole, de bien me regarder puisque on ne peut pas me louper, je prends toute la place, il y a une contradiction existentiel une forme de revendication exagérée…

Une force et une défense à la fois, pour ne plus être agraissée voir engraissée, pour se protéger d’eux, (Ceux qui fabriquent des injustices et de l’indifférence)

Retrouver ma place comme vous me l’aviez expliqué. Apprendre sa place.

Un mouvement de survie, où tout est fait pour étouffer la femme sur différents niveaux. Je comprends que cela reste superficiel puisque tout tourne dans l’apparence surtout depuis les réseaux sociaux le mal du siècle, et de l’apparence !

C’est encore un contrôle sur les femmes !

J’ai connu les deux formes (mince et grosse) et je sais la différence dans les deux cas de figure

La minceur attire le regard bienveillant, on apprécie la personne par son apparence agréable à l’œil, on a plus d’ouverture, des portes s’ouvrent plus facilement,  les autres sont plus gentils et souriants. Alors que la grosseur attire des personnes négatives ou qui nous rejettent, le visage est fermé, le regard indifférent, la personne est gênée pour nous, elle peut être mal pour nous, on a moins de chance de se faire des bons amis, et les remarques nous fragilisent plus.

Mon esprit est peut être un esprit contradictoire pour changer les normes immorales et injustes.”

…………………………

Béatrice m’a adressé un texte relatif aux poids, corps et regards que je souhaitais partager avec vous. Avec son accord bien entendu, le témoignage de cette patiente peut raisonner et faire écho.

Laurence MYR

Diététicienne nutritionniste Diplômée d’État spécialisée en TCA - DESS en alimentation fonctionnelle et santé, D.U. Nutrition de l'Obésité et Conséquences Métaboliques, D.I.U. Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) et DPC Diabète (DT2)

Vos commentaires :

  • Saerhynn
    05/10/2022à13:13

    Bonjour,merci à Béatrice pour ce partage et merci à vous Laurence de la mettre en lumière dans ses ressentis et son vécu. Je me retrouve un peu dans ce que Béatrice évoque… Aujourd’hui, c’est le regard que je porte sur moi-même qui m’importe ,et ce ,dans sa globalité… Je prône l’imperfection qui fait de chaque personne un être unique… Alors encore merci Béatrice pour ta belle authenticité…

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