Stigmatisation liée au poids corporel
Qu’une personne souffre ou pas d’obésité, une stigmatisation liée à l’aspect physique peut être ressentie ou vécue. Moqueries scolaires, regards évocateurs, phrases assassines, attitude de tiers, la liste est longue et aussi profonde que le rejet de la différence. Éléments renforcés par l’impact des médias sociaux sur le corps ou du moins sa perception.
Qu’est-ce que la stigmatisation liée au poids corporel ?
La stigmatisation de poids se produit dès que des individus appliquent de stéréotypes permettant une comparaison négative par rapport à d’autres. Elle peut venir de l’extérieur, mais également de l’intérieur. La littérature est riche sur ce sujet, et les différentes recherches arrivent aux mêmes conclusions globalement. Venant de l’extérieur, nous pouvons ici inclure les préjugés. Ces derniers pouvant aboutir à des traitements injustes. À titre d’exemples une discrimination dans le travail, des soins médicaux ramenant toute pathologie au poids, dans l’éducation, mais également dans le quotidien plus sournoisement parfois. Puis, nous relevons une stigmatisation interne liée au poids, c’est-à-dire venant de personnes souffrantes envers elles-mêmes. Ces sujets estiment leur valeur par rapport à leur poids, et pensent souvent, notamment en cas d’obésité, manquer de volonté. Pourtant leur vie est souvent un enchaînement plus ou moins rapide de régimes. Chacun demandant une volonté colossale.
Quelles sont les conséquences ?
Outre les répercussions qui peuvent être économiques, sociales, des conséquences psychologiques sont induites par cette stigmatisation. Les liens avec les symptômes dépressifs sont établis et la corrélation est forte. Ainsi, même en corrigeant l’IMC, la détresse émotionnelle persiste. De même que l’internationalisation de cette stigmatisation génère de l’anxiété et porte atteinte à l’estime personnelle. Ainsi, une personne souffrant de biais de poids corporel voit sa propre estime gravement endommagée. Or la construction de l’individu passe par l’estime que chacun a de lui. En outre, il apparaît que chez les sujets qui sont imprégnés par cette stigmatisation liée au poids, l’alimentation devient désordonnée et est source de préoccupation excessive. La conséquence immédiate est un trouble du comportement alimentaire (TCA), qu’il soit ou pas classifié dans le DSM5 en tant que TCA ou TCANS (trouble du comportement alimentaire non spécifique). Les conduites alimentaires non normatives deviennent prédominantes, avec notamment une certaine frénésie voire chez certains une privation extrême, renforçant de facto la perte de l’estime personnelle, l’anxiété, la dépression. Mesurés grâce à l’échelle de YFAS (Yale food addiction scale), ces symptômes de troubles alimentaires entraînent une plus grande dépendance alimentaire et une vulnérabilité supérieure. D’où un stress émotionnel augmenté pouvant renforcer les autres troubles et symptômes, dont un certain cyclisme pondéral relatif aux conduites alimentaires.
Or plus une personne a vécu de prises et de pertes de poids, plus les biais de poids sont importants. Et malheureusement arrive un stade d’évolution où même une perte ou un maintien de poids n’apportent plus ni satisfaction ni amélioration de l’estime personnelle. Les régimes amaigrissants appellent juste une forme de désillusion, de décompensation, de mal-être, puis de nouvelles diètes amaigrissantes. Le cercle est bouclé.
Comment mettre un terme au cercle infernal de la stigmatisation ?
Il convient de sortir de la mentalité des régimes et de la police qui va avec. De se rebeller positivement contre les voix intérieures et extérieures qui vous font mal. Votre corps vous appartient et lui seul peut vous aider à guérir. Personne ne sait mieux que vous. Et surtout pas les voix de la culpabilité, de l’échec, de la mésestime.
Des prises en soin par des professionnels de santé, formés tant à l’obésité qu’aux TCA, mais surtout écartant toute approche culpabilisante, ainsi que l’exclusion de régimes amaigrissants (dont le nouvel euphémisme est le rééquilibrage alimentaire) apparaît scientifiquement comme la seule bouée potentielle. Ces interventions peuvent être basées sur divers outils comme la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), ou l’autocompassion ou encore la pleine conscience, ou l’évitement expérientiel, ou bien l’alimentation intuitive. Connaître et manier ces modes thérapeutiques dans une démarche alimentaire est une approche peu effective en France et dans de nombreux autres pays. Ce travail est long et difficile pour chaque patient. Car nous sommes toutes et tous uniques. Aussi chez certains, l’anxiété prédomine, chez d’autres ce sera le manque d’estime de soi et de son corps, ou encore la dépression. Souvent, les TCA sont sous-jacents, voire identifiables. Mais le rapport à l’alimentation est forcément endommagé et douloureux donc à reconstruire. Mon expertise vous apporte l’aide dont vous avez besoin.
Bibliographie
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